Marelle de Julio Cortazar

par Claire Arents, DESS TS&NT 1999-2000

 

 

1-INTRODUCTION
2-MINI-BIOGRAPHIE
3-LA STRUCTURE DU LIVRE
4-LA MARELLE
5-RESUME
6-UNE NOUVELLE VISION DE L'ECRIVAIN, DE L'ECRITURE

DE L'ECRIVAIN
DE L'ECRITURE

LE JEU
LA LIBERTE, LE HASARD

7-UNE NOUVELLE VISION DU LECTEUR, DE LA LECTURE
UN LECTEUR AUTONOME
UNE LECTURE PARFOIS DIFFICILE

8-CRITIQUE
LA NOTION D'UNITE

LA NOTION DE RENDEZ-VOUS
LA NOTION D'INTERACTIVITE
LA NOTION D'HYPERTEXTE
LA NOTION D'OEUVRE D'ART UNIQUE

9-CONCLUSION

1 Introduction
Le livre de l'écrivain argentin Julio Cortazar, intitulé Marelle, et un modèle en son genre. Par sa structure, il est immediatement classé dans le domaine des livres interactifs. En effet, cette oeuvre est un cas de "Deux en un". Un seul livre support et deux histoires ou plutot deux manières de ressentir des évenements. Nous verrons, dans une analyse critique, en quoi Marelle est interessant et quelles sont les limites du livre, puis quel est le réel degré d'interactivité du roman.

 

2 Mini biographie
Julio Cortazar est né en 1914 à Bruxelles. A la fin la la Première Guerre Mondiale, ses parents retourneront en Argentine et s'installeront près de Buenos Aires. C'est là, à Banfield précisement, qu'il grandira. En 1932, il devient instituteur et en 1935, à 21 ans, il obtiendra son diplome de professeur de lettres. A 30ans, enfin, il enseignera à l'université de Mendoza. Puis il quittera définitivement l'Argentine pour s'installer à Paris au debut des années 50. Vers 1960, il effectura de nombreux voyages, notamment pour aller à Cuba, où la politique du pays l'interesse particulièrement. En 1984, il mourra d'une leucémie, soutenu par sa complice et épouse, Aurora.
Cortazar était un maitre de ce que l'on a appellé le Fantastique. Notons que si il était un très grand écrivain, c'était aussi un très gros lecteur. Il avait une immense culture litteraire, artistique et musicale. C'était, de plus, un grand amateur du surréalisme. Enfin il était un homme aimant la vie, le vin et la bonne chair, un homme accessible, doté d'un grand humour, d'une volonté d'innover (il était révolutionnaire) et d'une curiosité jamais rassasiée.

 

3 La structure du livre
L'auteur propose deux manières de lire le roman, soit la manière linéaire comme on le ferait avec n'importe quel livre, soit en passant d'un chapitre à un autre selon un ordre précis que nous indique Cortazar au debut de Marelle. Ainsi par rapport à l'histoire et à la construction du roman, le thème du double est dominant.
Le livre commence par un mode d'emploi destiné au lecteur. Avant de connaitre quoi que ce soit sur l'histoire qui suivra, le lecteur est confronté à une methode de lecture. Il découvre qu'un second moyen de jouir de l'histoire est possible. Ce découpage rend semble-t-il l'oeuvre interactive, nous verrons par la suite quel degrés d'interactivité le roman de Cortazar propose réelement. Notons que la deuxième partie s'intitule : De tous les cotés (Chapitre dont on peut se passer.). Une serie de 98 nouveaux chapitres suivent ce titre, et ce sont des textes optionnels donc non-nécessaires à la trame de l'histoire la plus courte.
Le deuxième livre est composé de plusieurs chapitres listés dans le mode d'emploi. On remarque que les chapitres 1 à 56, sauf le n°55 qui ne figure pas dans la liste, se retrouve dans le même ordre de recit dans le roman linéaire et dans le roman interactif. Sauf que dans ce dernier, il y a de nouveaux textes entre chaque chapitre. Cela varie entre 0 et 22 chapitres nouveaux entre deux chapitres successifs du roman linéaire.

 

4 La Marelle
La marelle est un jeu. C'est ici la métaphore de Paris, et celle de la vie, de la recherche de l'amour, du Paradis sur Terre... Comment atteindre le ciel ? sur quelle case se pose à chaque instant les divers personnages, les diverses actions, à quelle case correspond tel ou tel lieu... Tout porte à croire que Cortazar a été hanté, pour l'écriture de son roman , par l'architecture d'une marelle.
Ce jeu d'enfant dessine le labyrinthe qu'est Paris pour le personnage principal, Horacio.

 

5 Résumé
Le protagoniste est Horacio Oliveira, un argentin exilé à Paris. Il fait parti d'un groupe d'intellectuels : Le Club. Ce groupe est composé de plusieurs "membres", la plupart étant egalement exilé de leur pays d'origine. Un autre personnage sera présent physiquement ou non tout au long du roman, la Sybille. La jeune femme est attirante, elle dégage un aura étrange, elle est elle-même, toujours elle-même, avec ses manques de culture, ses réflexions saugrenues, et son fils Rocamaour. Le roman raconte leur histoire d'amour (?). Une histoire vécu à Paris par ces deux argentins, loin de chez eux et de leurs traditions. Ils recréeront une petite argentine grâce au maté.
Le chapitre 28 est une charnière dans le récit. A ce moment le fils de la Sybille meurt de maladie. Presque tout le groupe est rassemblé chez Horacio et la mère de l'enfant quand la tragédie arrive. Le texte est long car la mise en place de la mort de Rocamadour doit être longue, pesante. Sur cet évenement, la vie d'Horacio basculera. Il quittera aussitot la Sybille,et elle-même disparaitra de Paris. La suite du roman sera une quête, celle impossible pour Horacio de retrouver la Sybille.
De retour en Argentine, Horacio retrouvera un vieil ami, une sorte de frère ou de reflet de lui-même. Cet ami, Manou, est dorenavant marié. Sa femme Talita deviendra, pour Horacio, la Sybille, tandis que lui-même se retrouvera dans le personnage de Manou. Une suite d'évenements burlesques sur une trame néanmoins serieuse découleront de leur "vie" à trois. Leur installation dans un hopital d'aliené où ils seront engagés cloturera de manière "ouverte" le récit.

 

6 Une nouvelle vision de l'écrivain, de l'écriture
De l'écrivain.
Les créateurs nés avant et entre les deux Guerres mondiales,ont adhéré en masse aux nouveaux ideaux communiste et socialiste. Il semble que Julio Cortazar faisait parti de ces nombreux auteurs qui ont, dans la logique de leurs engagements politiques, cherchés à democratiser l'art.
En 1963, Marelle était publié pour la première fois en Argentine, à la même epoque, en 1960, le Grav était crée. Jusqu'à 1968, date de sa dissolution, des artistes tels Julio Le Parc, Gracia Rossi, Francesco Sobrino, Yvaral... créeront pour le plaisir du public, des labyrinthes de types environnementaux et des oeuvres ludiques qui sollicitaient une participation. Il faut, c'est evident, rattacher Cortazar à ces artistes plastiques. En effet tous ont une volonté commune celle de rendre l'oeuvre autonome, le lecteur autonome et le créateur socialisateur. Rappellons nous une phrase de Soto : "Je veux éveiller les gens, les interesser à la connaissance de phénomenes universels pressentis par l'artiste, le savant, le philosophe..."
Il faut considerer que Cortazar tente de faire prendre conscience au lecteur de la realité du monde. La structure même du roman Marelle, montre que l'écrivain, au sens large, doit utiliser l'objet livre comme quelque chose de ludique.L'écrivain a dans cet exemple le rôle d'un divertisseur et celui d'un enseignant dans la mesure où le livre en traitant d'un monde fantastique de "l'autre coté des choses", met en évidence l'étrange, le fou, le "apparement" irréel du monde réel.

De l'ecriture.
Par ce roman, Cortazar cherchait à proposer une nouvelle forme d'écriture. L'auteur en disant par exemple que " la litterature, plus qu'une vocation est un don. Je n'ai donc pas à tirer vanité du fait que j'ecris bien, cela m'a été donné très jeune." ne prétendait par être le "veritable Créateur" de ses innovations. Quoi qu'il en soit en matière d'ecriture, il y avait bel et bien innovations. Certes, la technique des collages, des cadavres exquis et l'utilisation du hasard que l'on retrouve régulierement dans Marelle prennent en réalité leurs origines chez les surréalistes. Néanmoins le roman, pour ce qu'il propose, apparu comme révolutionnaire en 1963 surtout lorsque l''on considere que c'etait un livre commercialisé.
L'auteur a largement utiliser la notion de "passage", qui est une notion récurrente dans le domaine de l'écriture interactive. Ici differentes sortes de passages sont présents nous pouvons en nommer quelque-uns comme les passages entre differents espaces, entre differents moments, entre differentes actions. Notons que si Cortazar a amené une certaine nouveauté c'est qu'il employait ses passages sans logique. Dans Marelle, tout s'entremêle, la chronologie est difficile à suivre.
La technique d'écriture de Marelle le place dans le domaine des romans si ce n'est interactifs, tout au moins participatifs, et l'utilisation par l'auteur d'un style cinematographique pour écrire son histoire n'est certainement pas pour rien dans ce placement. On peut voir, pour illuster cela, un ensemble de travellings, de panoramiques, de fondus, de zooms qui lient les chapitres entre eux.
Bref, ce livre est en quelque sorte un discours sur l'ésthetique et "l'écriture narrative", une théorie du roman.

Le jeu.
Ici, une chose est sûr : "Ecrire est une manière de s'amuser." Le chapitre 34 est là pour le prouver. Dans ce chapitre, le désordre est de rigueur, au premier abord en tout cas. Le principe est très simple, la lecture pour les néophytes que nous sommes l'est beaucoup moins. En fait deux textes totalement differents dans l'idée et très proche dans les termes sont mis en parallèle. Une ligne est celle du texte 1 et l'autre celle du texte 2, et ainsi de suite pour tout le chapitre. C'est réelement un exemple d'écriture interactive ou plutot de lecture interactive, participative... et comme tout texte interactif, il s'agit pour "l'utilisateur", de trouver le principe, la méthode pour faire evoluer, voir créer l'oeuvre.
Le gliglicien (voir son principe p.99), le langage inventé par la Sybille, participe de la même tentative de jeu interactif, mais dans ce roman, lorsque le gliglicien est employé, c'est de manière non-active pour le lecteur. Cortazar donne comme cela des exemples de jeux de mots interactifs (comme lorsqu'il ecrit tout sorte de preteritions, d'onomatopés, d'abreviations.... ).
On lit souvent que Cortazar avait beaucoup d'humour, et cela se sent dans le roman. C'est un humour absurde, celui des suurréalistes qui compose et décompose le récit. Dans sa tentative de faire de son oeuvre un jeu, un puzzle, une marelle, l'auteur devait user d'intrigues. C'est dans cette logique qu'il fera régulierement references à des symboles comme le pont (Chap.41), la balance (Chap.43)... Si Cortazar donne bien un mode d'emploi pour lire la structure de Marelle, comme l'on fait pour un jeu de construction, il pourrait aussi en donner un permettant de lire le livre en profondeur, pour comprendre plus aisement ses illogismes.

La liberté, le hasard.
La notion de liberté est ici plutot une autorisation que s'accordait Cortazar à violer les normes de l'écriture et de la litterature. Ceci peut-être illustré par une citation de l'auteur : "la litterature s'asphyxie par excès de conventions et de serieux.". Ainsi les structures stylistiques sont novatrices tandis que la trame du récit est illogique, non-chronologique et les personnages ne sont pas non plus stables. L'unité du roman n'apparait que très tardivement lors de la lecture, et en cela c'est une liberté prise par rapport aux conventions de la litterature. Pour le personnage principal, par exemple, le "je" est le plus souvent utilisé, mais parfois pour des raisons non apparentes c'est un "Horacio", un "Oliveira" ou un "Holiveira qui nait dans le texte. Il y a une réelle indetermination des personnages et de frequentes confusions qui semblent cependant volontaires. C'est pour tous ces exemples que l'on s'imagine que le hasard a eu une grande importance dans la "technique" d'écriture. N'oublions pas que Cortazar était un grand admirateur des surréalistes et par moment la technique du collage sublime le roman.
Dans la construction du livre entier, l'écrivain s'accordait également une grande part de liberté. Deux livres en un... soit un livre écrit pour plus de la moitié par un copié-collé, totalement avoué, d'un autre livre. On peut voir là un un sacrilège par rapport à l'idée d'oeuvre d'art unique.

7 Une nouvelle vision du lecteur, de la lecture
Un lecteur autonome.
Aujourd'hui, le lecteur, ou le spectateur (pour des oeuvres d'art plastiques), semble de plus en plus liberé d'un rôle passif. Et il semble que Cortazar avait pré-senti l'évolution du lecteur, à moins qu'il n'en soit à l'origine...
Dans l'oeuvre analysée, il a le choix. Le choix de lire ou de ne pas lire certains chapitres. Par ce moyen Cortazar en fait un complice, un partenaire. Il cherche à rendre le lecteur autonome, à lui donner un rôle actif. C'est selon les termes de certains, un rôle male, responsable, en opposition à un rôle femelle, passif.
Il faut considerer Marelle comme un roman permettant de comprendre un peu ce qu'est la création litteraire, ainsi l'écrivain livre là ses secrets, il rend même le lecteur complice de son travail d'écriture. Le lecteur de son coté doit prendre conscience de l'acte artistique, et de la part de fantastique qu'a la réalité.

Une lecture parfois difficile.

Cortazar propose consciement des pièges de lecture qui peuvent décourager très vite ou au contraire amuser le lecteur. Qu'il s'agisse de le décourager, ou de le divertir, c'est toujours dans son interet ou tout du moins pour lui. C'est cet interet au lecteur qui fait de Cortazar un ecrivain attentionné, ayant une nouvelle vision de l'objet livre. On peut ajouter que si il y a divertissement du lecteur, il y a participation psychologique de celui-ci. L'idée d'interactivité sous-entend, d'un point de vue littéral, action de l'utilisateur et réponse (selon cette action) du support. Dans le cas de Marelle ce n'est pas le cas, mais l'interactivité, d'un point de vue non-littéral, est tout de même présente car le support la propose et la recherche.
Le Chapitre 62 présente une structure nouvelle, influençant sur la méthode de lecture. Il s'agit d'un texte formé de collage d'articles étrangers à la trame de l'histoire. C'est une mise en abime du chapitre entier. Notons que de ce chapitre est né 62-Maquette à monter, écrit en 1968, qui est une "reflexion sur la création litteraire et sur la relation qui unit auteur et lecteur (...)"C'est une oeuvre composée d'élements mis à plat, grâce auxquels le lecteur peut construire lui-même le roman.
Nous avons déjà vu l'exemple du chapitre 34 un peu avant.

8 Critique
La notion d'unité.
Lorsque l'on propose deux romans en un, il devient difficile de parler d'unité. C'est certainement pour cette raison que Cortazar indique "Après quoi, le lecteur peut laisser tomber sans remors ce qui suit." (voir p.0). Alors l'unité se fait dans le premier texte par la simple succession des évenements et des chapitres. La deuxième lecture peut parraitre par contre édulcorée. Les chapitres de la seconde partie ressemblent parfois à un peu d'eau dans un verre de bon vin. Certains créent une dillution et non un ajustement ou même un simple complément, et dans ce cas l'unité est difficile à trouver. Sachant que l'écrivain appréciait tout particulièrement les collages (surréalistes ou non) on accepte que la deuxième lecture soit une explosion d'évenements et d'actions. C'est en realité dans ce collage qu'il faut saisir l'unité du roman "De tous les cotés".

La notion de rendez-vous.
Si l'on décide de lire le deuxième roman, une nouvelle notion, celle de rendez-vous nait. Elle rappelle les principes de l'art relationnel établit par Nicolas Bourriaud dans Esthetique relationnelle. Ici le rendez-vous est consideré comme un "objet ésthetique". On peut choisir en tant qu'auteur de découper son histoire en differents chapitres, ou même de ne pas le découper, comme on peut choisir, à la manière de Cortazar, de le découper de deux façons differentes. Dans ce cas,il faut compter sur la curiosité d'un lecteur à qui l'écrivain doit donner rendez-vous. Le mode d'emploi du début sert, donc à rendre le lecteur disponible à une deuxième lecture. C'est un rendez-vous donné pour la fin du premier récit. C'est la réclamation d'une paticipation active du lecteur, c'est en fait une bouteille à la mer dont le message serait : si ça vous a plu vous aller vous régaler, sinon merci d'avoir participer...

La notion d'interactivité.
Le degré d'interactivité du roman n'est pas total puisqu'il est possible de faire une liste fixe et figé des chapitres à lire. Si l'interactivité avait été plus poussé, alors plusieurs listes auraient été à faire, et le lecteur aurait pu et du recréer le récit en permanence. C'est le lecteur qui fait évoluer l'oeuvre et la construit mais dans le cas de Marelle, c'est comme s'il s'agissait d'un puzzle dont le nombre de pièces seraient fixes et avec lequel une notice de construction aurait été donné. On pourrait imaginer au contraire un puzzle sans nombre fixe de pièces, et où le modèle serait en perpétuel changement, ou en tout cas plusieurs modèles differents seraient possibles. En fait il n'y a pas de problème posé, il y aurait pu avoir par exemple un sous-entendu du genre : comment puis-je lire le récit, mais il n'y en a pas donc il n'y a pas de réponse à donner. On peut regretter cela, car si apparement Cortazar ne manque pas d'humour, ici on peut croire qu'il cherche à contraindre le lecteur dans un jeu passif dont il détient seul la règle.
Dans le Chapitre 37, page 232, Cortazar donne en quelque sorte une image de son principe :
"La dame ainsi interpellée se croyait obligée de répondre à la ligne :
-Ah, madame, les hommes sont si peu comprehensibles (...)
Ou bien :
-C'est comme moi et mon Juan-Antonio. Je le lui dis toujours, mais c'est comme si je crachais en l'air.
Ou encore :
Comme je vous comprends, madame, la vie est une lutte.
Ou :
-Ne vous faites pas de mauvais sang, ma petite dame. Tant qu'on a la santé..."
A toutes ces differentes propositions de réflexions, une seule réponse est donnée, comme si ces possibilités se valaient toutes. On peut penser que plusieurs (plus de deux) trames de récit auraient pu être proposé ou même qu'aucune ne le soit et que seul devant son livre, le lecteur puisse avancer dans l'histoire ou tourner en rond s'il le souhaite.
Mais Marelle n'est pas un livre dont vous êtes le heros, on peut le regretter, mais c'est justement grâce à son niveau d'interactivité calculé au plus juste qu'il est placé dans le domaine de la litterature et non dans le domaine des divertissements. C'est en fait ce qui fait sa force !

La notion d'hypertexte.
Evidemment l'hypertextualité dans ce roman n'est pas visible,et pourtant la deuxième lecture semble proposer un renforcement ou un élargissement des idées visibles (lisibles)à la première lecture. En effet les chapitres qui s'intercallent dans la trame initiale peuvent être considérés comme des hypertextes par rapport aux autres. C'est encore une fois le principe du chapitre 62, qui constitue l'illustration la plus apparente de cette notion d'hypertextualité.
Notons que cette technique, utilisée entre autre pour les textes montrés sur le Web, classe automatiquement le support dans le domaine de l'interactif.

La notion d'oeuvre d'art unique.
Un livre ne peut pas revendiquer le statut d'oeuvre d'art unique, tout du moins lorsqu'on s'interesse à l'idée de support. Et pourtant, les romans interactifs comme Marelle, montrent un texte avec une réelle autonomie. Le fait de proposer, sans obligation, un deuxième récit se basant sur une histoire initiale, et tout cela sur un même support, semble un moyen d'affirmer la notion d'oeuvre d'art unique. Intercaller de nouveaux chapitres dans une première histoire change complétement la vision qu'on avait pu avoir des personnages, des lieux et des évenements, c'est évident quand on lit Marelle. Ainsi Cortazar a peut-être trouvé, ici, un moyen d'affirmer le caractère unique d'une oeuvre. Il admet, en parlant de chapitres omissibles, qu'un lecteur choisisse d'en rester à un récit pur, non-edulcoré.

 

9 Conclusion
Nous l'avons vu, il est très simple de trouver dans Marelle des élements interactifs. La structure seule du roman est déjà un élement énorme "prouvant", si c'était à le faire, son interactivité. On dit souvent de ce livre qu'il a révolutionné la litterature hispano-americaine. S'il n'a pas eu de suiveurs, Cortazar a eu et a encore beaucoup d'imitateurs. Gardons nous de juger l'interet ou non d'une telle histoire car, ici, c'est avant tout la structure qui nous interesse. Sur ce sujet, une chose est certaine ce genre de tentative est porteuse, elle ouvre la voie à de nouvelles créations tentants encore de rapprocher le lecteur du récit, de la création et du créateur. Ainsi, en lisant Marelle, le lecteur c'est certain a eu une bonne leçon de création litteraire.