Note de l'auteur
"Le premier texte,Le château des destins croisés, a d'abord été publié dans le livre Tarocchi, Ilmazzo visconteo di Bergamo e New York, chez Maria Ricci edito, à Parme, en 1969. Les figurines qui accompagnent le texte veulent rappeler à la mémoire les miniatures reproduites dans leur couleurs et leurs dimensions originales par l'édition Ricci."
"Le second texte, La taverne de destins croisés, est construit suivant la même méthode mais d'après le jeu de tarots : L'ancien Tarot de Marseille de chez B-P. Grimaud, qui reproduit un jeu imprimé en 1761 par Nicolas Conver, maître cartier à Marseille. Ils se prêtent à une reproduction graphique, même réduite, sans trop perdre de leur pouvoir de suggestion, sinon pour les couleurs."
"L'idée d'utiliser les tarots comme machine narrative combinatoire m'est venue de Paolo Fabbri qui, lors d'un "Séminaire international sur les structures du récit" en juillet 1968 à Urbino, avait présenté une communication sur le récit de la cartomancie et le langage des emblèmes.J'en ai par- desssus tout retenu l'idée que la signification de chaque carte dépend de la place qu'elle prend relativement aux autre cartes qui la précèdent et qui la suivent. Je me suis par dessus tout appliqué à regarder les tarots avec attention, comme quelqu'un qui ne sait pas ce qu'ils représentent, et à en tirer des suggestions, des associations,, pour les interpréter selon une iconologie imaginaire.""J'ai commencé avec les tarots de Marseille, en cherchant à les disposer de manière qu'ils constituent comme les scènes successives d'un récit pictographique. Quand les cartes posées côte à côte au hasard me donnaient une histoire dans laquelle je reconnais un sens, je me mettais à écrire...; je changeais continuellement les règles du jeu, la structure générale et les solutions narratives. Éditeur Franco Maria Ricci me proposa d'écrire un texte sur les tarots Visconti (miniatures du Quattrocento) ses figurines supposaient une société différente, une autre sensibilité et un autre langage."
Le récit est donc en fonction de l'époque dans lequel elle se situe. Ici le monde visuel du Quattrocento et son contexte social constituent le point de départ de l'imaginaire de l'écrivain.
"Il me fut facile de construire de cette façon la croix centrale des récits de mon "carré magique". Il suffisait qu'autour prennent forme d'autre histoires qui se croisaient entre elles, et ainsi j'obtins une sorte de mots croisés faits de figurines au lieu de lettres, où en plus chaque séquence peut se lire dans les deux sens...Je sentais que le jeu n'avait de sens qu'à suivre des règles de fer ; il fallait une nécessité générale de construction, qui conditionne l'imbrication de chaque histoire dans les autres."
Les règles de jeu strictes
"Je partageais avec l'Ou.li.po (Ouvroir de littérature potentielle) fondé par Raymond Queneau et François Le Lionnais, plusieurs idées et prédilections : l'importance des contraintes dans l'uvre littéraire, l'application méticuleuse des règles de jeu très strictes, le recours aux procédés combinatoire, la création d'uvres nouvelles en utilisant des matériaux existants."
"Les histoires que je parvenais à composer visuellement en disposant les cartes l'une après l'autre ne donnaient pas forcément de bons résultats quand je me mettait à les écrire ; il y en avait qui ne déclenchaient rien dans l'écriture et que je devais abandonner si je ne voulais pas cassé la tenue du texte ; il y en avait d'autre au contraire qui passaient l'épreuve avec succès et acquéraient aussitôt la force de cohésion de la parole écrite, quand une fois écrite il n'est plus question d'en changer.
L'orchestration stylistique"J'avais compris qu'à côté du Château , la Taverne n'aurait de sens que si le langage des deux textes reproduisait la différence de style figuratif entre les miniatures raffinés de la Renaissance et la gravure grossière des tarots de Marseille.""Ce répertoire iconographique médiéval et renaissance qui obligeait mon discours à de dérouler toujours sur les mêmes rails."
Le matériau"Le texte écrit peut être dit l'archive de matériaux accumulés peu à peu, à travers des couches successives d'interprétations iconologiques, d'humeurs, d'intentions idéologiques, de choix stylistiques."