3 - La taverne
Dans ce récit Italo Calvino utilise la même base de règle du jeu que dans le château des destins croisés mais avec d'autres carte-indices issu du tarot de Marseille - 68 cartes - et en rajoutant d'autres règles.
Plusieurs cartes par la liaison entre elles plantent le décor et plusieurs utilisateurs jouent en même temps.
Dans "La forêt qui se venge"
nous pouvons constatés que l'interprétation des cartes est très aléatoire. Le narrateur nous amène où il veut en partant de dessin que l'on pense observer mais qui recouvrent maintes interprétations.Un même dessin-symbole peut représentés par l'interprétation subjective par exemple à la fois la mer avec une armé de crustacés et des souterrains avec des scorpions. Mais chaque interprétation se veut logique dans le récit.
L'image matérielle de l'évocation c'est à dire par sa représentation potentiel nous amène à une mémoire collective et culturelle. La structure des schémaas mentales entraîne les images matérielles vers des images mentales.
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Dans"l'Histoire du Royaume des vampires"
le lieu se situe au moyen-âge au temps de la reine, du roi, du bouffon. L'écrivain nous projette par son écriture dans une époque contemporaine.
La présentation symbolique de l'As de Coupe amène la représentation mentale par l'analogie et la projection d'une architecture contemporaine (par la fenêtre de ses gratte-ciel).
L'histoire peut se situer également à notre époque, ce n'est qu'un changement de lieu et donne donc des possibilités infinis.
A partir d'une trame linéaire de cartes, d'autre cartes entrent se rajoutent, s'intercalent et amènent une interaction entre les personnages.D'un récit linéaire nous passons à un récit modulaire où les différentes cartes entrent dans la composition d'éléments qui se juxtaposent, se superposent, s'entrecroisent dans l'espace-temps. Le mode d'emploi d'une carte-indice et de partir de l'observation des détails pour entrer dans une narration imaginaire comprenant une progression romanesque et la progression de récit en récit se traduit par une superposition de celle-ci.
La carte au départ est un dessin de la catégorie du signe iconique, une représentation descriptive stéréotypée. Ce mode linéaire en écriture-image se transforme en mode réticulaire et multidirectionnel." C'est à dire qu'un signe peut posséder plusieurs liaisons avec d'autres signes, eux-même en connexion avec d'autres signes"(source Bernard Darras "L'image, une vue de l'esprit"). L'iconographie d'une carte mis à côté d'une autre amène une relation de voisinage et conduit au réseau de relation entre signes où une organisation en scène au départ visuel puis subjective devient un registre d'interprétation.
"Les iconotypes sont des signes dynamiques dans la mesure où ils acceptent la cohabitation de différents moments dans un signe. Le signe lui-même peut-être modifié en fonction des enjeux du récit et des commentaires engagés dans la communication plurimédia. Les iconotypes sont organisés en lignes ou réseaux et distribués en séquence qui constituent des zones temporelles."(source Bernard Darras "L'image, une vue de l'esprit").
Il y a également le signe d'écriture qui provient du signe d'un échange.Le signifié d'une lettre : signe signifiant la forme par elle-même peut amener une interprétation.L'auteur écrit qu'il n'y a pas de négatif sans positif est inversement ou encore que le négatif n'existe pas et que seul cas de négatif soit celui qui se prend pour le positif.
Dans "Les territoires du destin individuel, du moi"
Les cartes de tarot prennent la forme d'oracle. L'oracle du YiKing, traité divinatoire oriental datant de plus de trois mille ans, a pour philosophie qu'il n'y a pas d'avenir, il n'y a que le flux éternel du présent.
Il faut lire l'ordre de l'univers pour établir l'harmonie en soi-même : telle était la voie des premiers divins. Seules, les lois de la transformation sont éternelles. Le YiKing est à la fois oracle et connaissance: connaissance de l'oracle et oracle de la connaissance. Les fondateurs du YiKing ont condensé ces énergie en une trame mathématiques (king : la trame d'une étoffe). Sur une base immuable de 64 hexagrammes. Un hexagramme est composé de six traits obtenus par trois pièces que l'on jette simultanément ou de baguettes. Chaque jet donne un trait de l'hexagramme, de bas en haut. Par la combinaison du trigramme inférieure et supérieur on obtiens un hexagramme portant un nom et un numéro sur la grille.64 combinaisons, correspondant chacune à un archétype de la condition humaine. Consulter le YiKing c'est commencer à déchiffrer son propre rébus. La voie bouddhiste de la totale acceptation de l'harmonie avec l'ordre cosmique, au-delà des valeurs et des jugements. Cette voie permet d percevoir l'unité des choses : l'Englobant, l'Un, le Tout. Les Taoïstes de l'ancienne Chine fondateurs du YiKing, l'appelèrent le Tao, la Voie. Les 64 hexagrammes symbolisèrent les 64 voies différentes couvrant toutes les possibilités de l'expérience humaine.
Italo Calvino, je cite, la conclusion de Parsifal serait : Le noyau du monde est vide, le principe de ce qui se meut dans l'univers c'est l'espace du rien, ce qui existe se construit autour d'une absence, au fond du graal il y a le tao. Et il montre le rectangle vide, au centre, qu'entourent les tarots."Il n'est pas le seul à chercher dans la succession des cartes la voie d'un changement intérieur qui permettrait d'agir sur l'extérieur."dans le texte.
Dans "Moi aussi je veux raconter la mienne"
"L'histoire de St Georges et de St Jérôme se déroulent à la suite de l'autre comme si elles ne faisaient qu'une seule histoire." Au Moyen-Age, le christianisme a utilisé des peinture-icônes dans ses églises pour raconter l'histoire des Saints et de Jésus. Ses séries de peintures-images constituaient d'une suite de plusieurs peintures où chacune racontée dans un ordre de lecture l'histoire d'un Saint. Elles étaient destinées aux illettrés et servaient de lecture image. Dans une église, nous pouvons voir à la fois l'histoire de plusieurs d'entre eux. Par une circulation et un parcours différents dans l'église, les praticiens mélangent, superposent, juxtaposent les récits pour devenir dans la mémoire à long terme qu'une seule et même histoire.
Conclusion
Italo Calvino se compare à "un presditigitateur ou illusionniste qui dispose un certain nombre de figures et qui, les déplaçant, les
réunissant, les échangeant, obtient un certain nombre d'effets".
Italo Calvino conclut en fait que les figurines (tarot) peuvent être remplacer par une icône ou une peinture. L'important c'est que la représentation picturale ou graphique "comporte le catalogue des objets, et l'espace de la pièce reproduit l'espace de l'esprit, l'idéal encyclopédique de l'intellect, son ordre, ses classifications, son calme."
Inscrire l'image dans un lieu-réceptacle, se positionne au niveau de l'espace et s'ordonne, permet une mémorisation et une catégorisation pour la mémoire à court terme et long terme. Dans l'écriture interactive nous retrouvons ce schéma et cette base indispensable.