Biographie

Né le 15 octobre 1923 de parents italiens à Santiago de las Vegas (Cuba), Italo Calvino qui fut tour à tour poète, journaliste, conteur et nouvelliste, était considéré comme l'un des plus grands romancier italien du 20ème siècle.
Il passe son enfance en Ligurie et rejoint la résistance à l'âge de 16 ans. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'installe à Turin où il obtient son diplôme de littérature, alors qu'il travaille pour un journal communiste : L'Unità, et parallèlement pour la maison d'édition Einaudi.

Ses premiers récits, Le sentier des nids d'araignée (1947) et Le corbeau arrive le dernier (1949), proches de la fable par le ton et l'atmosphère sont directement inspirés par son expérience de résistant et contiennent, ne serait-ce qu'en filigrane, le thème qui traverse toute son œuvre : l'espoir de changer la société. Bien qu'ils soient réalistes, ces récits ne portent pas encore la marque de ce réalisme magique qui caractérise ses productions ultérieures et notamment ses trois contes philosophiques, le Vicomte pourfendu (1952), le Baron perché (1957) et le Chevalier inexistant (1959), regroupés en 1960 sous le titre Nos aïeux, dans lesquels se lit, derrière le recours à l'ironie et au fantastique, une réflexion sur l'histoire et sur la société.
En 1956, Calvino publia une vaste anthologie de fables italiennes, traduites de différents dialectes.
Un temps inspiré par la science-fiction (Cosmicomics, 1965), Calvino enrichit son œuvre en s'orientant vers la sémiotique à travers l'amitié qui le liait à Barthes et en participant, avec Raymond Queneau, aux travaux de l'OuLiPo (les Villes invisibles, 1972; le Château des destins croisés, 1979).
Enfin, la cybernétique apparaît comme une combinatoire originale pour mélanger les données et en tirer de nouvelles possibilités (Si par une nuit d'hiver un voyageur, 1979). Palomar (1983), sa dernière œuvre, se situe entre le roman et l'essai.
Calvino a laissé une importante œuvre critique (Una pietra sopra, 1980), un cycle de conférences sur l'histoire de la littérature (Conférences américaines. Six propositions pour le prochain millénaire, 1988) et a joué un rôle essentiel dans la vie culturelle italienne en travaillant toute sa vie au sein de la maison d'édition Einaudi, et en fondant avec Vittorini en 1959, l'importante revue littéraire Menabò.

Il décède à l'âge de 62 ans, le 19 septembre 1985, à Siena (Italie).

 

Un aboutissement

 Si par une nuit d’hiver un voyageur arrive trente deux ans après la parution du premier roman d’Italo Calvino.

Au cours de ces trente deux ans, son talent s’est étoffé à travers une dizaine d’œuvres, qui abordaient des thèmes aussi divers que l’histoire, la géographie, la science. Ce roman ne ressemblera pas aux précédents livre qu’il a écrit, car « c’est un auteur qui change beaucoup d’un livre à l’autre. Et c’est justement à cela qu’on le reconnaît ». Cette dernière condition ne s’applique pas seulement au roman, mais également à tous ceux qu’il contient : aucun des débuts d’histoire inclus dans Si par une nuit d’hiver un voyageur ne ressemble à ce qu’a écrit Calvino auparavant.

Sa participation aux travaux de l’Oulipo et son travail sur la sémiotique avec Barthes, ont à leur tour enrichi son art et lui ont donné goût aux contraintes. Ici, « rien dans la marche romanesque des lecteurs n’est laissée au hasard ». Cette démarche –qui consiste en une adaptation personnelle du carré de A.J. Greimas- il l’explique dans Comment j’ai écrit un de mes livres, qui ne fut tiré qu’à 150 exemplaires, car il ne voulait pas « intellectualiser » son roman.

C’est avec la découverte de la cybernétique, ajoutée à sa culture littéraire,  que lui est venue l’envie d’écrire ce roman. Il voulait « un roman qui simplement te ferait assister à sa propre croissance, comme une plante avec son enchevêtrement de branches et de feuilles », comme il le fait dire à Ludmilla, l’héroïne de ce roman. Il souhaitait également écrire un roman court, car « c’est un contresens d’écrire aujourd’hui de longs romans : le temps a volé en éclats, nous ne pouvons vivre ou penser que des fragments de temps qui s’éloignent chacun selon sa trajectoire propre et disparaissent aussitôt », comme il le fait remarquer dans le premier chapitre.

Mais Calvino était également un « lecteur boulimique par raison professionnelle et par goût profond ». Et il a surtout écrit ce roman pour le Lecteur, ou plutôt pour les Lecteurs, puisqu’il adresse le livre -et s’adresse donc- directement au lecteur du roman. Dans la Quinzaine Littéraire en 1981, il constate que « de quelque façon, le désir du lecteur dicte ce que l’écrivain écrit ». Et il précise en 1985, dans Le Magazine Littéraire, que « l’écrivain ne peut se proposer pour seul but la satisfaction du lecteur (…), il doit présupposer un lecteur qui n’existe pas encore, ou un changement dans le lecteur tel qu’il est aujourd’hui ». Il s’applique d’ailleurs à dresser le portrait de chacun des personnages du roman qui correspondent à un mode de lecture différent. Y compris vous -enfin moi… ou toi- le « lecteur naïf ».