Examinant le texte et les possibilités de traversée qu'il offre, Aarseth relit les auteurs qui ont tenté de répondre à ces questions et explore leur terminologie. Si celle-ci diffère sensiblement d'un auteur à l'autre une constante demeure : la notion de labyrinthe. En effet, le choix du lecteur devant plusieurs possibilités de chemins, de routes de lecture rappelle l'éternelle métaphore du livre comme labyrinthe. Arrêtons-nous un instant sur ce que suppose cette métaphore. Aarseth relisant Doob relève deux sortes de labyrinthes : unicursal (reprenant le terme anglais, que nous pourrions traduire "univoie") où le chemin même s'il n'est pas rectiligne est unique et multicursal ("multivoies") un dédale de voies devant lesquelles un choix critique doit s'opérer. Umberto Eco pour sa part déclare l'existence d'un troisième type de labyrinthe : le filet ou rhizome. Aarseth ici note la différence fondamentale de ce troisième type d'avec les deux autres dans la mesure où, par définition, dans ce dernier, chaque point peut être connecté avec tous les autres points. Les deux premiers types de labyrinthe apparemment contradictoires ont été subsumés en une seule catégorie évoquant un dessin complexe, le chaos, l'inextricabilité, l'impénétrabilité, la difficulté de cheminement entre la confusion et la perception. Ainsi le sens médiéval désignant le labyrinthe comme un processus difficile linéaire mais non rectiligne disparaît. En effet, durant la Renaissance le sens de labyrinthe évolue pour cette fois se référer au paradigme "multicursal" toujours d'actualité. Il semble donc acquis que les termes labyrinthe et linéaires sont incompatibles, et que le labyrinthe ne dénote plus une progression linéaire, mais bien le contraire. Le modèle du labyrinthe comme métaphore du livre ne peut donc plus s'appliquer à la majorité des narrations mais bien à cette minorité de narrations cybertextuelles.