Aarseth s'arrête longuement sur la définition de termes tels que unicursalité, multicursalité, ou encore linéarité ou non-linéarité, ceci évidemment dans le but de ne pas laisser d'ambiguïtés terminologiques, mais aussi pour situer son propos dans la narration en général et non seulement dans la littérature électronique. Par la suite, il se concentrera davantage sur la production ou la lecture de textes par le biais de l'informatique mais son propos est plus global et s'adresse à la multicursalité textuelle en générale. Ce n'est pas tant par soucis d'établir une théorie générale que l'auteur cherche à ne pas dissocier écrits sur support papier et écrits sur support informatique que pour ne pas perdre de vue le sujet, pour ne pas se tromper de débat. En effet la discussion tourne souvent court lorsque littérature "électronique" et "traditionnelle" sont mises en perspectives : bien souvent elle se résume à un débat sur les fonctionnalités du texte, plus qu'à son contenu. Or, plus que sur la manière dont le lecteur est sollicité dans sa lecture du texte, plus qu'à l'étude de l'effort qui lui est demandé, c'est à la mécanique du texte qu'Aarseth s'intéresse. Ici donc le support n'a finalement que peu à voir. Aarseth s'intéresse d'une part au processus d'écriture de ces textes et d'autre part à leur mécanique. Suivant ce dernier point, l'auteur va explorer la littérature, la narration avec une volonté de montrer ce que les différences et similitudes de fonctionnalité impliquent au niveau de la théorie et de la pratique de la littérature. Cette exploration sera basée, sans toutefois s'y limiter, sur les concepts et perspectives de la narratologie et de la rhétorique classiques. Mais pour son analyse l'auteur ne pourra se contenter des les théories existantes sur la littérature qui sont incomplètes et inefficaces lorsqu'il s'agit d'étudier le cybertexte. Afin de proposer son propre système d'analyse, Aarseth détermine d'abord un nouveau champ de recherche, composé de nouvelles aires d'études : une textonomie (l'étude du média textuel) et une textologie (l'étude du sens textuel).