2.III. Le marché du multimédia dans le futur

Les partisans de la révolution numérique voient un changement de paradigme centré sur l'utilisateur et sur sa participation. Néanmoins le marché qui place la valeur de l'individu uniquement dans sa consommation constitue un obstacle de taille. L'idée du contrôle par l'utilisateur est un fourvoiement, la plupart des productions tendant plus volontiers vers un accès sélectif à l'information contrôlé par le programme. Les écrivains pour le multimédia décident de contrôler l'accès aux informations grâce à la structure interactive, à des passages obligés et à d'autres artifices.

Les partisans des médias interactifs voient également en eux la possibilité qui est offerte à l'utilisateur de créer et de distribuer leur propre production à la manière des grandes entités. Néanmoins deux problèmes de taille subsistent : la qualité de la production et sa distribution. La qualité requiert des objectifs et les moyens financiers adéquats pour y parvenir. Or la moindre production numérique nécessite une équipe relativement nombreuse et génère des coûts de production très élevés. Si ce problèmes pouvait être contourné, il subsisterait celui qui concerne la distribution auquel même les productions professionnelles se heurtent.

Si l'on croit Stansberry, les réseaux de distributions auraient une propension naturelle à se rétrécir plutôt qu'à s'élargir. Le multimédia n'est pas un marché ouvert dans la mesure ou la distribution se fait sous l'égide des grandes chaînes de distributions établies depuis longtemps.

On pourrait objecter à ce dernier point qu'Internet peut représenter une chance de miner les grands réseaux de distribution. Néanmoins comme le fait remarquer l'auteur, même sur Internet les chances ne sont pas les mêmes pour tous. Pour que la distributions fonctionne il faut se faire connaître, c'est pourquoi les plus gros sites se tournent vers la publicité sur les médias traditionnels, nous en sommes actuellement les témoins en France. Il est patent que ce genre de prestation n'est pas dans les moyens de tout le monde.

Il faut également ajouter que bien souvent le marché soutient peu les attributs de valeur, spécialement s'il sont peu générateurs de profits. Et dans cette perspective, le succès commercial ne saurait constituer un étalon de la valeur sociale.

Enfin, en regard de l'accès au marché, la technologie représente une baisse des opportunités. Certes de plus en plus de personnes auront accès aux outils pour créer des présentations interactives élaborées. Mais trouver une audience dans un environnement de distribution aussi diffus qu'Internet n'est pas une sinécure. La décentralisation qui le caractérise peut certes fournir l'occasion aux plus créatifs de s'exprimer en marge du courant commercial mais la tâche est ardue. Il faut en effet que les créateurs produisent des logiciels intelligents et de valeur dans un marché dont les intérêts sont souvent ailleurs.

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