2.V. La direction de la société dans un monde interactif

Pour Stansberry le futurisme a eu une grande influence dans de nombreux domaines. Il aurait ainsi produit le relativisme culturel et scientifique et la fascination pour le multimédia ne serait rien d'autre qu'une extension de ce mouvement puisque son interdisciplinarité ne serait l'aboutissement de la vision futuriste. Le plus important est que les partisans du multimédia adoptent un point de vue relatif sur l'univers dans lequel le hasard, l'exploration personnelle, le changement de point de vue et les juxtapositions inattendues sont inhérents à l'expérience de ce média.

Il demeure pourtant une question : quelle direction pour le multimédia ? Une réponse peut être faite en ce qui concerne la technique. Il est évident que les possibilités techniques ne vont cesser de s'accroître pour arriver à la création d'un environnement virtuel qui brouillera la différence entre la réalité et la fiction. Le problème est que les capacités d'un appareil dépassent toujours la capacité de les appréhender sagement. Pour l'ordinateur la question se pose de son potentiel à brouiller la différence entre l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle.

Il y a ici un combat entre le virtuel et le réel analogue à celui entre l'artificiel et le naturel qui est inhérent à toute création. Les artistes menacent la réalité perçue de tous les systèmes dominants même si son propos n'est pas en premier lieu de créer du changement social. Néanmoins il permet à l'homme de découvrir sa nature cachée et de ressortir enrichi et plus profond de cette expérience. Pour Stansberry, en cultivant les techniques virtuelles on peut également parvenir à ce résultat. Ainsi le challenge pour les concepteurs multimédia ne diffère pas de celui de tous les artistes depuis des siècles.

L'apogée du multimédia peut être emblématique de l'apogée d'une nouvelle conscience : global, démocratique et centrée sur l'utilisateur et opposée à l'oppression.

Devant tant d'enthousiasme, Stansberry rappelle, on ne peut plus justement, la nécessité de rester sceptique. Toute cette vision euphorique n'est que du battage commercial. Il convient de se demander qui contrôle en arrière plan et de se rappeler que l'on risque tout autant de construire une société décadente et une rupture culturelle. Il est évident que certains programmes merveilleux vont naître, mais il est tout aussi indubitable que peu de personnes y auront accès. Il n'y a aucune raison de penser que le monde sera meilleur ou pire.

L'enjeu fondamental est la responsabilité, et je rejoint l'auteur sur ce point. Dès lors que le multimédia offre plusieurs point de vue sur le monde il faudra éviter l'écueil du cynisme qui conduirait pour chacun à oublier les points de vue qui lui sont désagréables et à se construire sa vérité en opposition au autres. La vérité ne se construit pas elle se cherche et il nous faudra construire à partir de la confusion des points de vue un message qui ne soit pas oppressif mais qui nous éclaire. C'est le but essentiel de tout écrivain et cela doit être celui de l'écrivain multimédia.

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